Amendement sur la fiscalité du bailleur : le vrai du faux
27 octobre 2025
✅ Le patrimoine "improductif" désigne les actifs qui ne participent pas directement au financement de l’économie réelle.
En d’autres termes, ce sont des formes de richesse considérées comme « dormantes » ou spéculatives, par opposition aux investissements productifs (comme l’investissement entrepreneurial ou l’immobilier professionnel).
Si l’actuel IFI ne taxe que le patrimoine immobilier, l’idée de ce nouvel impôt serait d’élargir l’assiette de taxation pour y inclure des actifs jusqu’ici exemptés.
Ainsi, en plus des biens immobiliers déjà visés par l’IFI, la nouvelle assiette intègrerait :
Le nouvel impôt sur la fortune improductive reprend le seuil d’imposition actuel de l’IFI, à savoir un patrimoine net taxable supérieur à 1,3 million d’euros par foyer.
En deçà de ce seuil, les contribuables ne sont pas concernés.
Au-delà, plusieurs changements sont envisagés par rapport à l’ancien IFI :
Les biens locatifs sont finalement inclus dans la base taxable du nouvel IFI !La version initiale du projet prévoyait d’autres aménagements qui ont été écartés lors des débats. Par exemple, l’amendement de départ voulait relever le seuil d’imposition à 2 millions d’euros et exclure de l’assiette les logements loués sur une longue durée et répondant à certains critères (notamment environnementaux). Mais ces dispositions ont été supprimées par des sous-amendements : le seuil reste donc fixé à 1,3 million, et les biens immobiliers loués seront eux aussi imposés. |
Comme une impression de déjà vu. Pour beaucoup, le nouvel IFI serait un retour partiel de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), supprimé en 2018.
Il est vrai que l’ISF, en vigueur de 1989 à 2017, portait sur l’ensemble du patrimoine (immobilier, financier, liquidités, etc.) au-delà d’un certain seuil. Puis l’IFI lui avait succédé pour se restreindre aux seuls biens immobiliers.
Ce nouvel impôt réintroduit l’imposition de certains éléments patrimoniaux exclus de l’IFI, mais il reste tout de même plus restreint que l’ancien ISF.
Et pour cause, les titres financiers (actions cotées, parts de sociétés) ne sont pas intégrés dans l’assiette de l’impôt improductif (une différence de taille, car ces actifs financiers constituent une part importante des portefeuilles).
Sur le plan international, la France ferait figure de cas relativement isolé si elle adoptait ce nouvel impôt (même s’il ne s’agit que d’un retour à une tradition fiscale qu’elle a connue pendant plusieurs décennies avec l’ISF.)
Aujourd’hui, peu de pays en Europe appliquent un impôt sur la fortune.
Au fil des dernières décennies, nombre de nos voisins ont choisi de supprimer ce type de taxation directe du patrimoine.
Néanmoins, quelques États ont maintenu ou instauré des dispositifs comparables :
À l’inverse, l’Allemagne, l’Italie ou la Suède ont abandonné l’impôt sur la fortune, et préfèrent renforcer d’autres formes de fiscalités du capital (impôts sur les successions, taxes foncières, taxation des plus-values latentes en cas d’exil fiscal, etc.).